Renaissance Circuit 24
La voilà donc enfin.
Près de 54 ans après sa 5ème place au Mans, le lundi 25 janvier 2021, la Porsche 907 LH n°41 des 24 Heures du Mans de 1967 a été dévoilée à quelques premiers passionnés de la marque Circuit 24, dans une version interpiste de dernière génération extrêmement rapide... et des phares avant et arrière connectés !
Le dépôt de bilan passé de la marque fut favorisé par le faible corpus de véhicules, face à la concurrence : l'idée de départ du projet fut donc naturellement de réaliser de nouvelles carrosseries. Chineur passionné, à chaque découverte en brocante de miniatures de marques défuntes... je tentais leur assemblage avec le châssis Circuit 24... mais cela ne «collait jamais». L'idée fit son chemin puis, grâce à la modélisation numérique et à pas mal d'acharnement, il fut enfin possible de fabriquer en 2020 le premier exemplaire original qui s'adaptait parfaitement au châssis de ma marque favorite.
Mais comment fabriquer des séries ?
Aujourd'hui, les procédés industriels de fabrication (pièces moulées par injection de plastique dans des moules en métal) sont vraiment très onéreux et obligent les fabricants de voitures miniatures à réaliser des séries importantes pour les rentabiliser : ce sont de grosses structures avec un capital important et un service marketing très développé, sur tous les continents.
A l'opposé, des artisans réalisent, au sein de petites structures, des « kits » en petites séries : les moulages sous vide se fabriquent avec des moules en silicone permettant énormément de détails et une fidélité de reproduction remarquable. Cette technique nécessite par contre une multitude de produits chimiques (plasticine, pâte de silicone, catalyseur, durcisseur, agent de démoulage pour les moules puis résines polyester, epoxy ou polyuréthane et durcisseurs pour les coulées des tirages). Le savoir-faire technique pour la fabrication des moules est conséquent et nécessite une longue expérience. L' installation permanente d'une pompe à vide au sein d'un atelier-laboratoire dédié et ventilé dans les normes est obligatoire. Le recours à une multitude de produits est onéreux, mais le principal inconvénient de cette méthode est qu'elle est chronophage : le travail est manuel tout au long de la chaîne, nécessite un nombre important de manipulations les plus diverses où les expérimentations peuvent s'avérer des impasses. Et comme il faut refaire un moule après la coulée de 30 à 40 exemplaires, ces artisans sont aujourd'hui peu nombreux et leur situation économique peut être fragile.
L'innovation majeure du projet fut le recours à l'impression 3D pour la conception et la fabrication des carrosseries : une technologie révolutionnaire de pointe au service du renouveau d'une marque vintage fut l'équation choisie ! Le style de l'époque était épuré, les voitures robustes étaient monochromes. Pour poursuivre le chemin tout en transmettant l'héritage du passé, Il fallait conserver « l'esprit de la marque », son style et sa signature, se poser cette seule question pour parachever l'oeuvre accomplie : « qu'est-ce que Circuit 24 aurait bien pu proposer à son public pour se renouveler et continuer sa destinée... s'il n'y avait pas eu l'accident fatal de 1972 ? »
Circuit 24 n'a rien inventé :
Comme l'écrit l'historien du slot Pépé à propos du moteur vibreur, ce moteur existait bien avant en Angleterre. Circuit 24, née en juin 1961 ne sera pas un pionnier dans l'utilisation de ce système à lame vibrante puisque Highways (1959) et Wrenn (1960) utilisaient déjà le même principe. On peut comprendre l'utilisation d'un vibreur de sonnette comme moteur dans une auto HO en 1959 (Highways 1/72 !), parce qu'il n'existe à cette époque aucun moteur électrique suffisamment petit. Par contre, l'utilisation de ce système en 1962 dans des autos au 1/30 est vraiment étrange, puisqu'il y a toute la place voulue dans les C24, qui n'ont pas d'intérieur".
Le système était même bien plus performant à l'origine puisque Circuit 24 l'a simplifié à outrance : "Sur les Highways, un contact de butée coupait l'alimentation de la bobine lorsque la lame descendait et ce système permettait de faire rouler les autos aussi bien sur le courant alternatif que sur le continu. Sur les Wrenn au 1/52, un an après Highways, le système est encore amélioré avec un petit bouton sous l'auto permettant de régler la position des lames vibrantes qui attaquent l'essieu... et ce sans rien démonter ! Highways (UK) sera racheté par Aurora (USA) et à partir de 1962 le moteur vibreur sera remplacé... par un vrai moteur électrique. Un an plus tard se sera le tour de Wrenn. Et simultanément, alors que tous les autres abandonnent, ce montage apparait chez Circuit 24..."