La préparation d'une poignée Parma ou autre...

Bonsoir à tous

Bon il y a longtemps que je voulais faire un tuto sur ce sujet mais l'occasion manquait. Toutes mes poignées sont préparées de cette façon depuis très longtemps.

Or j'ai eu besoin récemment d'une poignée 25 ohms.

Comme je n'ai pratiquement que des 15 ou moins, je n'avais pas ce genre de chose, alors je suis allé fouiller dans mes tiroirs au cas où je puisse me bricoler un truc.

Pas de Parma dans les tiroirs mais une Russkit. C'est la même chose avec quelques années de plus, elle est en mauvais état mais pour ce que je veux faire ce n'est pas important :

Je n'ai pas de résistance de 25 ohms d'avance, par contre j'ai ça en 25 :

Ces poignées Scalex 1/24 sont très bien construites mais très mal réalisées. A cause du délire d'un ingénieur voulant réinventer le monde la gâchette est équipée d'un système qui démultiplie la course du curseur.
Résultat une course de gâchette d'environ 1cm, inutilisable !!!

Je récupère donc la résistance céramique qui est de la même taille qu'une Russkit ou qu'une Parma c'est la même chose. Je sais je me répète.

Les résistances de cette époque n'ont pas de méplat comme les Parma actuelles, elles sont cylindriques. C'est moins logique mais pas un réel problème en soi. Il suffit que le charbon soit plus long pour être toujours en appui.

Voici la bête démontée, toute neuve en plus :

Démontage de la Russkit. Effectivement elle doit mal fonctionner si elle ne fait pas de court-jus :

Je sors le charbon du curseur. Tiens d'ailleurs, je n'ai pas fait de photo mais c'est le même système de fixation dans la Scalex.
Donc ce charbon n'est pas serti sur le curseur mais emprisonné par 4 cotés rabattus autour. En le regardant bien je comprends pourquoi la résistance d'origine est claquée. Le charbon est complètement usé et ce sont les côtés rabattus en ferraille du curseur qui frottent directement sur le bobinage.

Je cherche dans mes bouts de métal de récup, là où je sais trouver des paliers de vieux moteurs électriques en bronze fritté. C'est la matière qu'il me faut pour remplacer ce charbon. Le bronze fritté est un métal tendre mais rigide et qui se soude très facilement à l'étain :

Bon au boulot. Tout ce qui suit peut pratiquement être réalisable sur n'importe quel type d'accélérateur avec adaptation en fonction du modèle bien sûr.

Préparation de la résistance.
Le fil résistif des résistances bobinées est constitué de nickel-chrome. Le nickel est un métal particulier dont la propriété principal est de n'avoir quasiment aucun allongement avec les changements de température jusqu'à environ 200°.
Mais dans notre cas un autre phénomène entre en jeu c'est le frottement du charbon du curseur sur cette résistance.
Comme les fils sont séparés les uns des autres pour ne pas se toucher il y a un léger creux entre chaque fil et le charbon a tendance à les accrocher, les tirer et les déformer.
De plus si la résistance est un peu chaude le fil s'allonge plus facilement.
Solution, boucher ces creux.
Pour ça j'utilise du plâtre à mouler pour les maquettes, appelé plâtre de Paris, c'est un plâtre avec un grain très fin. Après l'avoir gâcher, je l'étale sur la résistance en le faisant bien pénétrer entre les fils. Puis je laisse sécher :

Pour diminuer encore le frottement mais surtout pour avoir un appui constant du charbon sur la résistance, j'articule le curseur.

J'utilise pour ça une petite charnière miniature, dans toutes les bonnes quincailleries, destinée au petits coffrets en bois par exemple :

Comme celle que j'ai en stock est trop large, je la coupe en 2 au milieu :

Je démonte la gâchette, je découpe un morceau de bronze fritté dans l'un des gros paliers, puis je le soude en place.

Je prends une empreinte de la longueur totale du curseur avant d'aller plus loin :

Je tronçonne le curseur puis je soude ma moitié de charnière sur le haut de la gâchette :

Bien sûr à cause de la largeur de l'articulation de la charnière, le curseur est maintenant trop long c'est l'explication de l'empreinte prise plus haut, c'est visible ici :

Le curseur raccourci est maintenant soudé sur la 2° partie de la charnière :

Préparation d'un petit ressort de rappel ainsi qu'une légère fente dans la charnière pour pouvoir l'accrocher :

Fixation derrière le curseur ce qui appuie le charbon sur la résistance :

Ponçage du plâtre seulement où c'est nécessaire avec un papier fin pour ne pas endommager le fil résistif puis montage en place avec le curseur :

Préparation d'un petit ressort de rappel de gâchette. Il faut un ressort à extension et non pas à compression. Celui-ci est tout petit par rapport à un ressort d'origine.
La raison c'est qu'avec la résistance devenue plane sans accroche et l'articulation du curseur le frottement est devenu pratiquement inexistant et c'est bien le but recherché :

Aie c'est bien trop tendu à cet emplacement, je referai un autre point d'accroche, j'y reviendrai plus tard :

Sur les Parma, ou celle-ci, le fil noir correspondant à la piste est soudé au châssis. L'électricité se propage à travers l'articulation de la gâchette pour remonter par le curseur.
Ce genre de montage est sujet à des pertes d'autant qu'ici j'ai ajouté une articulation au niveau de la charnière.
Je vais donc shunter l'ensemble pour éviter ces pertes.
Un petit morceau de tresse avec sa flexibilité pour ne pas gêner les mouvements de l'ensemble sera parfait. Ici un bout de tresse Scalex, l'autre est un rouleau de tresse à dessouder :

D'un coté soudé directement sur le curseur :

Et de l'autre sur le châssis :

Je vais alléger légèrement la coque parce que j'aime bien avoir accès directement au curseur sans avoir besoin de tout ouvrir.
Elle est légèrement cassée à l'arrière mais c'est vraiment sans importance :

J'enlève tout ça d'un coté parce que ça me gène. Et puis ainsi s'il y a besoin d'un petit nettoyage, un bout de papier de verre fin entre le curseur et la résistance et le charbon se nettoie tout seul avec un peu de va et vient :

Mise en place dans la coque pour voir si rien ne gène. J'ai aussi refait une petite entaille dans le châssis pour accrocher le ressort de rappel de la gâchette :

La suite va venir....

Je vais tenter d'améliorer aussi 2 contacts importants d'un accélérateur, la position maxi/à fond et celui du frein.
Pour cela je vais ajouter 2 butées indépendantes comme celles qui équipent les versions Turbo de chez Parma par exemple.

J'utilise une lamelle de laiton de 3 à 4/10° d'épaisseur par 5mm de large :

Après avoir plié à l'équerre les pattes de la résistance, mise en forme du contact maxi/à fond qui sera soudé sur la patte d'alimentation de la résistance et sur laquelle va venir buter le curseur :

Soudure :

Vérification de la butée :

Vérification dans la coque. Il a fallut arrondir légèrement la partie inférieure pour contourner le puits de vis :

Montage du contact de butée de frein de la même façon et vérification dans la coque :

Soudure des fils avec repères. Le noir est soudé sur le chassis à coté de l'extrémité de la tresse, les autres à leur place habituelle :

Assemblage des 2 coques :

Et pour finir je rajoute une protection pour le curseur dans un plastique souple tenu par 2 petites vis mais qui laisse quand même l'accès à l'intérieur par le haut.

Pour conclure le fonctionnement est sans aucun à coup ni accroche ni point dur. La gâchette revient au frein sans problème mais est presque trop souple il faudra sans doute retendre légèrement le ressort.

N'hésitez pas, ce sont des modifications simples à réaliser et sans danger. Le seul risque est de détruire un curseur mais qui est disponible en pièces détachées chez Parma.
Dans tous les cas vous ne reconnaitrez pas vos accélérateurs...

Chapeau, Mossieur,

Extrêmement intéressant, et très didactique. MERCI.

superbe topic pepe, comme dirait genereux, j'achèèèèèèète

Merci pépé plus, ce topic est très intéressant.
Et modif à pas un sou comme on dit.

Belle et instructive restauration de poignée

A+

Aaaah, du "lourd", à la sauce pepe +++, comme on l'aime bien !

Viraufrin a écrit :

Aaaah, du "lourd", à la sauce pepe +++, comme on l'aime bien !

Moi aussi j'adore ça ce genre de bidouille ,merci Pépé !

Tiens j'avais pas vu , plutôt sympa ... Mais moi , à la place du platre , je mets de l'araldite à deux composants . il faut bien laissé sécher pendant 24 heures minimum , puis meme principe , poncer la colle sur une cale à plat jusqu'a atteindre le fil résistif , ça évite surtout la poussiére de platre du au frottement du curseur et à l'usure du temps dans mettre partout .

leprisonnier a écrit :

Tiens j'avais pas vu , plutôt sympa ... Mais moi , à la place du platre , je mets de l'araldite à deux composants . il faut bien laissé sécher pendant 24 heures minimum , puis meme principe , poncer la colle sur une cale à plat jusqu'a atteindre le fil résistif , ça évite surtout la poussiére de platre du au frottement du curseur et à l'usure du temps dans mettre partout .

Non, j'ai essayé aussi. En cas de chauffe, la chaleur ramollie la résine et le curseur l'étale sur la résistance.
Le plâtre à modeler est beaucoup plus compact que le plâtre de maçonnerie et ne s'effrite pas.
D'ailleurs Koford proposait un produit près à l'emploi coloré en orange pour ce genre de travail. Il doit m'en rester encore un peu et je suis persuadé que c'est ni plus ni moins à base de plâtre.

Bizarre , j'ai toujours fait comme ça et je n'ai jamais eu de souci ...

Ah , je sais pourquoi ... j'vais plus vite et je freine très peu !!!

leprisonnier a écrit :

Ah , je sais pourquoi ... j'vais plus vite et je freine très peu !!!

Ce n'est qu'une impression...c'est parce que tu n'utilises pas des moteurs pour hommes

Je découvre se tuto/post excellent sur ce sujet qui va bientôt me concerner directement.

Alors un grand merci à pepe plus pour ce travail de qualité vraiment très bien décrit. C'est de la belle ouvrage, et très bien raconté.